Alors, je vous le dis tout de suite: je n'ai PAS pieuré.

Sauf à la fin.

Un peu.

-Comme une petite fontaine-.

 

Je t'aime papa mais... merci d'être mort!

Création 2017

Monologue pour un comédien

Théâtre Musique Marionnette Masque

Théâtre des TaRaBaTes

Écrit et Mis en scène par Philippe Saumont (mes respects...)

Jeu et manipulation: Christophe Ecobichon (mes respects...)

Musique en direct: Yann Honoré (mes respects de même)

 

 

Ce spectacle veut nous parler de la violence d'un père vis à vis de son enfant, de son épouse, de lui-même.

Ou... le veut-il?

Parce-que je n'ai jamais vu autant de classe discrète et intelligente aborder un tel sujet.

Joué par un adulte unique (à l'exception près du père qui entre sur scène, deux fois)... Mais alors comment se fait-il qu'on NE SENTE PAS la présence d'un adulte sur scène?

C'est vraiment un enfant qu'on a devant nous! Mais un enfant...adulte. Résigné.

Non...un enfant-enfant. Lucide, comme les enfants. Croyant, comme les enfants. Croyant sans faille que son père va changer. Mais sans y mettre trop d'espoir non plus, c'est juste que c'est son papa, et "qu'il est fort mon père". D'ailleurs il casse les carreaux en voulant jeter un objet sur son fils, mais... ben tu vois, justement, c'est bien...comme ça les étoiles vont pouvoir mieux le voir, maintenant, l'enfant.

Et puis: qu'à cela ne tienne! Il fait de son papa un compagnon de jeu: un masque, sans doute en sucre d'orge, avec qui il peut partager ses aventures (et qu'il finit par croquer), un petit bonhomme en pâte à modeler (no wait...à moins  que ce ne soit de la Barbe à papa...).

En parlant de Barbe à papa, elle est offerte en début de spectacle et sert aussi de décor.

Et en parlant de décor, il est très beau lui aussi. Tout aussi classe, ludique, sophistiqué, humble (même quand ça devient carrément rock'n'roll) que ce que veut nous dire ce show.

 

Bah alors...qu'est-ce qu'il veut nous dire?

Je crois qu'il veut nous dire que dans les yeux et le cœur d'un enfant, c'est l'Art qui prime, autrement dit la beauté, l'imagination, la transformation de ce qu'il se passe, et finalement l'acceptation qui rend la non-normalité, l'ab-normalité supportable.

 

Empli de douceur, gonflé d'un jeu parfait, accompagné d'une musicalité toute aussi impeccable, c'est un GRAND spectacle.

 

"- Bah alors pourquoi tu pleures? Ça a l'air plutôt tendre tout ça....

- Parce-que je suis une adulte, et que l'adulte est touché par la pureté de l'enfant face à la réalité en filigranes. Parce-que l'adulte remercie aussi l'auteur d'avoir effleuré ce sujet derrière son Art. Car il s'agit vraiment d'art. Pas de l'art comme support et excuse à un message trop pressant, trop revanchard, qu'il voudrait faire passer. Alors, merci.

- Ben...tu sais que t'es pas obligée de pleurer pour dire merci..

- Shut up! (Et va voir ça....)"

 

Théâtre des Tarabates

" La nuit, quand il tape dans les murs, ça fait peur...ça fait peur au poussin. C'est fragile un poussin, puis c'est doux, ça pique pas."

" Je mettrai la télé plus fort pour faire entendre que dehors, on peut aussi rigoler."

" Moi quand je serai grand, je travaillerai pour me payer des croissants tous les jours. C'est sûr. J'ai hâte. J'ai faim."

 

On n'oublie pas Nathalie Papin sur la première mise en scène du texte, en 2002; Mariéta Goloméhova aux masques et marionnettes; Leonor Canales à la collaboration de mise en scène et à la direction d'acteur; et le regard complice de Nicolas Bonneau, conteur, auteur et comédien.

 

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